Loi Travail : la rue tente de maintenir la pression

, par udfo36

Le “ Je ne céderai pas ” du président Hollande n’y a rien fait. Près de 400 opposants ont manifesté, hier, à Châteauroux. Nouveau rassemblement, demain.


Ils étaient 2.000, le 31 mars ; 1.500, trois semaines plus tôt ; encore 600, le 29 avril. Hier matin, entre 350 et 400 manifestants ont défilé dans les rues de Châteauroux, pour réclamer le retrait de la loi Travail, à l’appel de plusieurs organisations syndicales.

« Le mouvement doit prendre plus d’ampleur si on veut imposer le retrait du texte, reconnaît Denis Guignard, secrétaire général de l’union départementale CGT. Le rapport de force permet à François Hollande de tenir des propos comme ce matin. » Sur Europe 1, le président de la République avait été très clair : « Je ne céderai pas. »

Un train sur trois aujourd’hui

Pas de quoi refroidir les plus déterminés, jusqu’au sein même du PS indrien. « Il y a dix ans, Villepin avait dit qu’il ne céderait pas sur le CPE », rappelle Erwan Rigollet, secrétaire de la section PS du Blanc, qui a participé à la manifestation, « en tant qu’indépendant ». Avec une vingtaine de lycéens en tête (lire ci-dessous), le cortège a, pendant une heure, battu le pavé castelroussin, de la place de la République à la préfecture, en passant par la place Voltaire. « L’inversion de la hiérarchie des normes est le point le plus contestable, a clamé Christian Wattecamps, secrétaire départemental Force ouvrière. Si le gouvernement revient dessus, peut-être pourrions-nous revoir notre position. » La manifestation n’a donné lieu à aucun heurt. Seule une petite altercation entre une militante cégétiste et un membre du NPA, à qui il était reproché d’avoir collé quelques autocollants sur la permanence du député, Jean-Paul Chanteguet, a à peine perturbé l’esprit bon enfant du mouvement. Les principaux leaders syndicaux ont ensuite été reçus en préfecture. Avant la dispersion des manifestants, ils s’étaient exprimés en donnant rendez-vous, dès demain, à 10 h, place de la République, pour un nouveau rassemblement contre ce que la FSU a qualifié de « machine de guerre contre les droits des salariés ». Hier soir, Force ouvrière a aussi organisé une opération de tractage à l’adresse des chauffeurs-routiers, à L’Escale, à Déols, alors que les cheminots entraient dans le mouvement. D’après les prévisions de la SNCF, seul un train sur trois circulera, aujourd’hui, sur l’axe Orléans-Châteauroux-Limoges.

La jeunesse porte-voix
Ils n’étaient peut-être pas aussi nombreux mais ils ont été, de loin, les plus bruyants. Quelques dizaines de lycéens, dont une vingtaine en tête de cortège, ont donné le tempo, hier, aux sons de « El Khomri, t’es foutue, la jeunesse est dans la rue » ou « 49-3, au placard ». Un vent de fraîcheur qu’ils ont poussé jusqu’à entonner LaMarseillaise, à la surprise de quelques briscards militants qui ont répondu par l’Internationale. Ils étaient venus de Jean-Giraudoux, Blaise-Pascal ou Pierre-et-Marie-Curie, à l’instar de Xavier, Brice et Kevin, 16, 17 et 18 ans : « Notre avenir est en jeu. Cette loi donne le plein pouvoir aux patrons. » Gwenaëlle et Éva, 17 ans, ont regretté cette relative mobilisation des jeunes. « Je pense qu’ils ne sont pas conscients de l’importance de ce qu’il se passe, estime Gwenaëlle. Cette loi va nous affecter, plus tard. » Outre le fond, c’est la forme qui choque : « Il n’y a eu ni discussion, ni débat, c’est inacceptable. »

reproduction in extenso de l’article de Bertrand Slezak - La nouvelle République du 18/05/2016